[Article initialement publié par Gilles Payet sur Linkedin - voir tous les autres articles]
C'est une chance...
Oui c'est une chance que votre nez ne s'allonge pas à chaque fois que vous vous écartez de la vérité !
Car les occasions sont multiples, et parfois tentantes : périodes professionnelles pas tout à fait exactes, job descriptions (comment dire...) avec des contenus incroyables, scolarité suivie en pointillé sans l'obtention du fameux sésame alors que vous avez écrit le mot "diplômé", absence de votre poste pour des raisons médicales, anglais courant pas vraiment courant (c'est d'ailleurs très courant), adresse à laquelle (heu...) vous n'avez jamais mis les pieds, période d'incarcération incluse dans une période chez un recruteur fantôme, pratique quotidienne du running (mais en fait ça 12 ans que vous ne courez plus - c'est peut-être d'ailleurs le moment de vous y remettre ?)...
Bon alors, du coup... on fait quoi avec tout ça ?
On dit quoi ?
Car qu'est-ce qui est finalement acceptable ? Ou au contraire franchement à ne jamais faire ? Je parle ici d'éthique.
Qu'est-ce qui est finalement jouable ? Ou au contraire trop risqué ? Je parle ici de statistiques et d'efficacité commerciale.
Qu'est-ce qui est finalement malin, astucieux ? Ou au contraire stupide ? Je parle ici principalement d'égo.
Ce que me disent vos mensonges
Ils me disent déjà que vous êtes un être humain. Et, c'est un paradoxe, je trouve cela plutôt rassurant, plutôt normal. Pas trop de culpabilité à avoir donc...
Mais bon, évidemment ça ne suffit pas. Ca serait trop facile...
Vos mensonges me disent aussi que les process de recrutement nous poussent tous à nous présenter comme des champions et parfois comme des moutons à 5 pattes : compétences, qualités, expériences, connaissances, réseau, expertises, talents, personnalité, liens intuitu personae avec des influenceurs qui m'intéressent... Et que tout cela crée évidemment une pression. Et que cette pression pousse à cacher certains manques ou défauts ou absences. Oui, cacher des absences...
Mais vos mensonges me disent aussi que vous avez des blessures et des souffrances. Comme je porte moi-même des blessures et des souffrances. Et comme chacun de ceux qui recrutent en portent eux aussi. La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Et que par pudeur - mais aussi par professionnalisme - on ne porte pas sur la place publique (CV, LM, Linkedin, entretiens...) ces parties cabossées de notre vie.
Parce que - quoi - un process de recrutement n'est pas une consultation chez un psy ! Le but du jeu n'est pas de tout dire. Il consiste, dans un jeu de rôle complexe, à laisser entendre ce que l'autre veut entendre.
De la même façon (vous avez remarqué ?) qu'un recruteur ne vous dira pas tout non plus. Et vous laissera entendre ce que vous avez envie d'entendre (enfin, surtout s'il tient à vous !).
Le jeu de rôle est donc assez clairement balisé.
Alors, y a-t-il des mensonges ou omissions acceptables ?
La réponse est évidemment oui.
Mais attention, ça dépend de quoi on parle...
Oui donc, mais sans tromper votre interlocuteur sur l'essentiel : votre capacité à occuper le poste "dès demain à 9h00", et à 3 mois, à 6 mois, à 12 mois et à 3 ans.
Sans le tromper non plus sur ce qui est important pour lui.
Mais là, ça devient déjà nettement moins clair...
Car comment savoir ce qui est si important pour lui ?
Je prends l'exemple du diplôme. J'ai connu un DRH qui revendiquait le fait d'être diplômé de Sciences Po Paris. Il avait décroché son dernier poste en indiquant cette mention qui était un mensonge (j'ai pu le vérifier étant diplômé de cette école et ayant accès au fichier des Alumni). La situation est intéressante. Soit le cabinet de recrutement n'a pas fait son boulot. Soit l'entreprise recruteuse l'a su et a passé outre, privilégiant ses compétences et/ou d'autres critères (salaire peut-être inférieur, contacts réseau intéressants pour le PDG, disponibilité immédiate...).
Dans d'autres situations, le fait de mentir sur un diplôme (a fortiori pour un DRH) est évidemment éliminatoire.
Voici 10 situations concrètes et potentielles de mensonge ou d'omission...
Voici 10 exemples concrets et quelques points de repère "discutables" - vos commentaires sont les bienvenus !
1-période d'incarcération : sujet tabou, trop clivant. Indiquez la période + le nom de l'atelier dans lequel vous avez travaillé. Les cours que vous avez suivis. Si vous avez préparé un diplôme, indiquez la période + « Préparation du DAEU ».
2-période de maladie (affection de longue durée, dépression, burn-out...) : le monde professionnel n'est pas mûr (le sera-t-il vraiment jamais ?) pour être à l'aise avec la maladie. Le sujet est donc franchement hors sujet dans un CV ou un entretien.
3-handicap : si l'entreprise est ouvertement handi-recruteuse (reconnue comme telle, participante à des forums handicap, partenaire de l'Agefiph ou de l'Adapt), mentionnez votre RQTH. Dans tous les autres cas, restez en retrait sur la mention de votre handicap. Le regard des recruteurs sur le handicap n'a pas assez progressé à mon sens pour prendre le risque de cette communication.
4-création d’entreprise infructueuse : paradoxe français, et malgré les beaux discours, les recruteurs n’aiment pas les entrepreneurs. Surtout ceux qui veulent revenir à un poste salarié. La posture est alors facile : bannissez de votre communication les mots « gérant », « associé », « fondateur », « président ». Et présentez votre période en mettant en avant votre fonction principale : responsable financier ou commercial ou éditorial. Et en listant votre champ de compétences, vos résultats. Comme pour un poste classique.
5-période pour vous occuper de vos enfants : indiquez la période concernée + une mention du type « Congé parental ». Dans la « job description » vous pouvez ajouter quelque chose du type « Chef d’entreprise familiale. Compétences développées : écoute, sens du service, logistique, finance, formation, gestion du stress, endurance. Aujourd’hui disponible à 100% (système de garde verrouillé) ». Jouer la transparence mais avec humour est souvent une bonne idée.
6-âge trop jeune : mettez le paquet sur votre CV sur les compétences opérationnelles (et uniquement celles-ci) pour occuper le poste visé. Personnalisez en adoptant un discours sur le futur, montrez-moi que vous êtes l'homme ou la femme de la situation. Je dois visualiser un collaborateur en poste et non un jeune sans expérience.
7-âge trop vieux : ne le mentionnez pas. Préférez un CV sur une page. Et rajeunissez votre image avec un CV design (voir exemples de CV design). Faites un lien avec votre profil Linkedin (qui pourra être plus détaillé). Et là encore, personnalisez votre CV avec une accroche développée centrée uniquement sur votre offre de service pour occuper le poste.
8-niveau de langue insuffisant : indiquer votre niveau concret (ce que vous êtes capable de faire concrètement, à l'écrit et à l'oral) en ajoutant (si c'est vrai bien sûr) que vous y bossez tous les jours : lecture en anglais, 30 minutes quotidienne de BBC, abonnement à une newsletter en anglais, etc. Et si votre travail perso vous amène à un score TOEIC intéressant, communiquez ce score.
9-période de chômage longue : si vous avez des enfants dont vous vous êtes en partie occupé(e), je vous suggère de mentionner cette période comme celle d’un congé parental – ou d’en attribuer une partie à ce congé parental. Sans enfant, et si la période est ancienne (+10 ans) ne mentionnez rien. Si la période est actuelle et a moins d’un an (fin de contrat en 2016), mentionner la période de votre dernier job sans mention des mois (par exemple "2014-2016"). Si votre fin de contrat est antérieure à 2016, vous pouvez évoquer un travail personnel, un projet de création, une étude de marché, des voyages, une formation… Là encore, il faut que ce que vous mentionniez ait un fond de vérité.
10-adresse mal située (quartier réputé "difficile" ou marquant un éloignement géographique important) : pas de souci sur Linkedin (vous avez remarqué ?) on ne demande à personne de donner son adresse physique ! Je vous conseille de faire de même sur votre CV. En 2017, l’adresse sur un CV ne sert strictement à rien – sauf à vous discriminer.
Vous voyez l’idée ?
Ne pas dire - ou dire différemment - ou encore allumer des contre-feux font partie des stratégies possibles.
Et n'oubliez pas l'essentiel : dans 100% des cas, soyez fort(e) sur votre offre de service !
Occupez l’espace de vos CV, LM et profil Linkedin en mettant en avant votre projet pour occuper le poste aujourd’hui et demain.
Au besoin, bossez sur un Powerpoint, un business plan, une étude de marché, une enquête mystère sur mon service après-vente, un mémo stratégique, une note de synthèse sur les nouveautés d'un concurrent.
Votre objectif ? Je-dois-vous-vi-sua-li-ser-au-poste !
Et si vous réussissez cela, je serai moins regardant, moins exigeant, plus conciliant, moins étriqué aussi dans mon analyse - ou moins conventionnel - dans l'étude de votre candidature. Et si vous ne m’avez pas menti sur l’essentiel je ne vous en tiendrai pas rigueur.
C’est du boulot que de faire tout cela.
Mais c’est un boulot payant.
Gilles Payet
► A lire en complément de cet article, un autre article rédigé pour le site 20minutes.fr : Les 5 "mensonges" acceptables dans un CV
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Bonjour Geneviève,
1-un an est une période relativement longue à partir de laquelle vous pouvez construire un discours positif sous l'angle du développement des compétences, des expériences et des réalisations probantes...
2-vous pourriez mettre en avant des raisons internes, des difficultés de l'entreprise, un repositionnement qui rendait votre poste moins nécessaire, des propositions de changement de poste que vous avez refusées (par manque d'intérêt, de rapport avec votre offre de service...) et d'expliquer ainsi le licenciement (qui correspond à un accord de rupture)
Dans votre discours, je vous invite à recentrer le plus tôt possible vers votre offre de service. Équilibrer vos propos avec du positif : expérience intéressante, limites du poste, nouvelle recherche sur ce qui fait sens pour vous et ce qui peut être utile à une entreprise comme celle qui vous fait face au moment de l'entretien.
Vous voyez l'idée ?
Bon courage dans vos démarches, n'oubliez jamais la belle personne que vous êtes, avec vos compétences, vos talents, vos réalisations.
Gilles Payet
Rédigé par : Gilles payet | 14 mai 2024 à 08:45
Bonjour Geneviève,
Merci tout d'abord pour votre confiance.
Tout dépend évidemment de la raison du licenciement. S'il s'agit d'un licenciement pour faute grave ou lourde avec un départ conflictuel, mieux vaut éviter ce sujet.
Si cela est plausible, préférez expliquer que votre mission était limitée dans le temps et que l'entreprise n'a pas donné suite pour des raisons économiques.
Vous pouvez aussi expliquer que l'entreprise a réorganisé le département dont vous dépendiez et que votre poste a fait les frais de celle-ci - ou que l'on vous a proposé de bénéficier de conditions de départ favorables ce que vous avez accepté car les conditions d'exercice de votre poste n'étant pas optimales.
Gilles Payet
Rédigé par : Gilles Payet | 24 février 2017 à 20:15
Bonjour Gilles,
je viens d'être licenciée et suis restée un an dans cette société
Auparavant, j'ai été dans une société 28 ans
Que dois-je répondre aux questions :
pourquoi avez-vous été licenciée, question obligatoire si on me demande pourquoi 1 an dans cette Sté , à moins d'éviter de parler du licenciement mais cela me semble difficile de l'éviter ?
merci pour votre retour
Geneviève
Rédigé par : gege | 24 février 2017 à 16:46