Je répondais ce matin à la question de Nathan qui me demandait :
Je souhaite quitter mon job et j'ai fait une demande de rupture conventionnelle mais celle-ci m'a été refusée. Des amis m’ont suggéré de faire un abandon de poste. Qu’en pensez-vous ?
Le process normal (et "idéal") de l'abandon de poste
Le point de départ, votre décision : vous ne revenez pas au travail. Et vous ne prévenez pas votre employeur. Vous ne lui donnez pas non plus les motifs de cette absence.
Après le délai de 48 heures (celui de l'envoi d'un éventuel arrêt maladie de votre part), votre employeur vous enverra un premier courrier (ou mail ou téléphone selon votre relation plus ou moins proche avec lui), suivi d'un second qui est une mise en demeure de revenir au travail.
Sans réponse de votre part (vous jouez le jeu jusqu'au bout), une procédure de licenciement pour faute grave doit normalement s'enclencher. Avec, grosso modo, un délai d'environ 30 jours pour arriver jusqu'à la notification de licenciement.
Au final, côté financier : vous ne toucherez pas d'indemnité de licenciement (au contraire d'une rupture conventionnelle), mais vous aurez bien sûr droit à vos congés payés. Et vous pourrez bénéficier de votre ARE (Pôle emploi indemnise tous les ayants droit, ayant suffisamment cotisé, quel que soit le motif du licenciement).
En résumé : vous ne revenez pas, 30 à 45 jours après c'est réglé, vous êtes officiellement dehors et vous touchez votre indemnisation Pôle emploi.
Mais ça, c'est quand tout se passe bien...
Ce qui se passe lorsque l'abandon de poste ne se passe pas bien
Première précision importante : tant que vous n'êtes pas licencié, pendant toute la procédure, vous ne touchez plus votre salaire. Vous ne pouvez également pas prétendre à être indemnisé par Pôle emploi (qui vous demandera un certificat de fin de contrat).
L'employeur peut décider sciemment de ne pas vous envoyer de courrier. Et de laisser pourrir la situation : pas là, pas de salaire. Pas de procédure non plus. Surtout s'il ne tient pas à vous. S'il peut vous remplacer facilement. Avec l'idée de vous pousser à la démission. Même si légalement il est tenu de prendre la main pour revenir vers vous : mais si n'intentez pas d'action juridique (avocat, Prud'hommes), il n'a aucun risque à le faire.
Il peut aussi ne rien faire par manque de compétences : il laisse traîner la situation, en se disant que vous reviendrez bien un jour. S'il a par ailleurs des difficultés financières, cela l'arrangera de ne pas gérer le sujet tout de suite car il fera l'économie de votre salaire. Cela est particulièrement vrai pour les petites structures.
A noter : un abandon de poste en CDD pour une mission pour laquelle votre employeur compte sur vous, peut vraiment le mettre dans l'embarras (commercial, technique, financier...). Et il peut toujours, si cela est sa décision, se retourner contre vous (pour préjudice).
Les risques de l'abandon de poste sur le moyen et long terme
Un abandon de poste est un petit peu une déclaration de guerre à son employeur. Si dans le cadre d’une recherche d’emploi un employeur appelle votre employeur actuel, il y a de fortes chances qu’il vous savonne la planche ! On parle ici de relations humaines...
Et lorsque c’est l’employeur qui propose lui-même cet abandon de poste, que faire ?
A vous de voir si cela est vraiment intéressant. Je vous rappelle que vous perdez vos indemnités de licenciement. Il faudra quand même - si la démarche est à l’initiative de l’employeur - plutôt viser une rupture conventionnelle (voir fiche pratique à ce sujet). Celle-ci vous permettra notamment de toucher des indemnités de licenciement. Et c'est un process plus protecteur pour vous.
Gilles Payet
+ d'infos pour faciliter votre recherche de nouveau poste sur mon site www.moncoachingemploi.fr
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